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Super offre pour la Sardaigne

Récit de voyage du 8 au 13 mai 2019 | Bus no. 20

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Récit de notre guide:

Super offre pour la Sardaigne 3

Ghislaine Derrien

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Super offre pour la Sardaigne

Du nord-est au nord-ouest: échappée belle en Sardaigne

Par un “beau matin de pluie”, comme dirait l’auteur de “Oscar et la dame rose”, nous rassemblons des voyageurs un peu moroses de diverses agglomérations romandes avant d’entamer l’ascension du Grand Saint Bernard qui devrait nous entraîner, à la descente, vers le soleil de l’Italie ! Mais il nous faudra encore admirer la montagne mythique saupoudrée de neige, un val d’Aoste très vert, les immenses rizières de la plaine des Vercelli gorgées d’eau, déjeuner sur le pouce dans un relais d’autoroute, descendre sur Ischia et le port de Livourne sous des rafales de vent et le doux clapotis de la pluie. Ajoutez à cela la patience dont il nous faudra faire preuve avant d’embarquer sur le ferry de la Cie Corsica Lines pour rejoindre la Sardaigne … je m’empresse de parler des merveilles qui nous attendent sur l’île avant que la mauvaise humeur ne s’installe !

Ouf, une bonne nuit à bord et miracle, le soleil est au rendez-vous à OLBIA (la ville où il fait bon vivre comme la surnommait les Grecs) et où devrait déjà nous attendre notre guide, Francesca, avec laquelle je me suis déjà entretenue à diverses reprises à propos du programme ! Or, nous avons mouillé dans le GOLFO ARANCI (dont le nom même prêterait à confusion puisque contrairement à ce qu’il y paraît, il ne s’agit pas là d’agrumes, d’ailleurs non cultivés dans cette région, mais d’une mauvaise interprétation des militaires piémontais qui ont traduit Gulfu di Li Ranci (golfe des crabes) par Golfe des Oranges et la guide nous attend au port d’Olbia! Bref, en dépit de la patience matinale de nos hôtes, je me dis que décidemment ce voyage n’est peut-être pas placé sous les meilleures auspices…

C’est alors que la jolie FRANCESCA (Montisci) entre dans notre car et nous entraîne immédiatement avec un enthousiasme contagieux dans le tourbillon de sa passion infaillible pour sa terre natale – ce qu’elle continuera d’ailleurs de faire pendant les deux jours suivants – transformant cette petite fugue en Sardaigne en découvertes de plusieurs civilisations, toutes plus significatives les unes que les autres, de paysages minéraux et végétaux époustouflants, de criques spectaculaires, bref dans une flambée d’émotions et d’impressions que nous ne sommes pas prêts d’oublier!

Dès ce moment, le soleil nous fait un clin d’oeil et notre chauffeur LEONEL lance son véhicule – nous admirons son calme et sa maestria dans ces virages extrêmement serrés – sur la côte d’Emeraude, un nom qui se justifie pleinement comme nous pourrons en juger de visu… Et même si le richissime Karim Aga Khan – dont la légende veut qu’il ait découvert personnellement ces 55 km de rocher aride – l’ acheta en réalité dans les années soixante – sur les conseils de ses financiers – pour une bouchée de pain à quelques bergères désargentées (théorie vraisemblable car les terres en bordure de mer revenaient par héritage aux femmes, les moutons et chèvres, richesse ancestrale, paissant tranquillement à l’intérieur de l’île, bien loin de la zone côtiêre, étant attribuées prioritairement aux héritiers mâles !) Bref, subjugué ensuite par la beauté paradisiaque du lieu, il fit de Porto Cervo une zone de villégiature harmonieusement intégrée dans le paysage et destinée à accueillir la jetset internationale. Aujourd’hui, les villas sont hors de prix, de luxueux cinq étoiles se développent, les marques de luxe prolifèrent, des restaurants étoilés voient le jour et l’on peut dire que le prince a réellement fait décoller le tourisme, de mondain à l’époque, en une industrie plus abordable et en passe de devenir l’un des principaux facteurs de revenus de l’île!

Nous longeons la côte escarpée et Francesca nous remet en mémoire les frasques de la jet-set internationale (et nous montre l’une des villas de Silvio Berlusconi, évoquant les soirées “bunga-bunga” qui ont coûté son poste au Cavaliere !). Petite halte déjeuner au soleil à Baia Sardinia (premières tentations d’achat-mode pour quelques dames, premiers fruits de mer ou premiers spaghettis à la “poutargue” – spécialité régionale à base d’oeufs de mullet, une sorte de caviar “du pauvre” qui donne aux simples pâtes une saveur exceptionnelle! – avant de poursuivre notre périple à travers LA GALLURA, région au nord-est de la Sardaigne entre Olbia et Tempio Pausanne où l’on parle le “gallurese”, une variante du Corse. En Sardaigne si la langue officielle est l’italien, on y parle quelque six “langues” sardes, (et non dialectes!) langues minoritaires proches du latin!

En dépit de la fatigue du voyage qui commence à se faire sentir (!), nous nous extasions sur la diversité du paysage, sur les superbes nuances de granit des rochers modelés par le vent et la mer, (pause photo obligatoire au Rocher de l’Eléphant!), sur la densité du maquis (bruyère arborescente, lentisque et genêt se mêlent aux plantes aromatiques comme le thym, le myrte et le romarin dominées par quelques arbousiers) et aussi sur la diversité des plantes toxiques (y compris la fameuse renoncule sarde, ou “herba Sardonia”, responsable d’une crispation de la bouche des victimes qui l’ingèrent et d’où naquit l’expression du “rire sardonique”. Il paraît d’ailleurs que les anciens Sardes avaient pour coutume de sacrifier leurs vieillards en leur faisant ingérer cette plante (ô secours !)

Cette intense végétation laisse place vers l’intérieur aux chênes-lièges, l’une des richesses de la Sardaigne dont la transformation constitue l’une des principales activités de la Gallura. Et on ne se borne pas à la fabrication des bouchons, les matériaux d’isolation et les accessoires (sac à main, tissus aux propriétés élastiques pour vêtements) ont aussi leur importance. Continuation vers CASTELSARDO, village médiéval du 13e siècle fondé par la famille génoise des Doria qui fut 300 ans propriété du royaume d’Espagne avant d’être reconquis au début du 18e S par celle des Savoie, explique Francesca. Ce petit bijou construit à flanc de rocher offre des vues spectaculaires sur le golfe d’Asinara et par temps clair même sur les montagnes Corse!

Enfin nous nous dirigeons vers Alghero et Porte Conte où nous attend notre hôtel CORTE ROSADA, magnifique établissement sis en bord de mer au milieu d’une pinède où nous poserons nos valises pour les quatre prochaines nuits. OUF! Excellent repas de spécialités sardes et bonne nuit de sommeil, nous sommes prêts le lendemain pour la découverte de BOSA, jolie bourgade couronnée par le château Malaspina, lovée sur le seul fleuve navigable de Sardaigne, le TEM0 et caractérisée par ses maisons colorées typiques qui lui ont valu le titre enviable de plus beau village d’Italie. Nous y retrouvons les étroites ruelles pavées, souvent difficiles d’accès pour ceux d’entre nous moins mobiles mais… tous trottinent bravement jusqu’à la charmante officine (un peu petite pour recevoir le nom de cave) de Wanna qui va nous parler de la Malvoisia sarde et cette petite dégustation va faire office d’apéritif bienvenu avant le repas libre de midi. Car… nous avons proposé à nos voyageurs intéressés d’aller (hors programme et pour un modique prix d’entrée) à la découverte d’un lieu historique majeur, le Nuraghe SANTU ANTINE, l’un des plus majestueux et importants nuraghes de Sardaigne sur le territoire de la commune de Torralba. Pour découvrir ce joyau de l’architecture protosarde (environ 1800 avant JC) avec forteresse et tour centrale au milieu d’un bastion trilobé aux pierres simplement superposées confirmant le talent indéniable des bâtisseurs de cette antique civilisation, nos hôtes se lancent allégrement à l’assault de l’escalier (dangereux!) qui mène aux chambres supérieures. Encore un effort avant d’atteindre une sorte de chemin de ronde et d’admirer l’époustouflant paysage et de revivre avec notre guide l’étonnante civilisation remontant à l’âge de bronze moyen. Au loin, nous apercevons ceux des voyageurs qui ont préféré se livrer au “dolce farniente” sirotant tranquillement un petit apéro sous la tonnelle de la cafeteria voisine tout en profitant du paysage extraordinaire qui se déroule devant leurs yeux. Demain, pendant la journée libre, d’aucuns profiteront des piscines (magnifiques) de l’hôtel, certains tâteront de la mer (un peu fraîche à cette époque de l’année), d’autres iront explorer l’Asinera ou s’engageront sur les chemins de randonnées voisins. J’en profite pour leur rappeler que collecter les coquillages ou ramasser du sable en souvenir sur les plages peut coûter très cher (jusqu’à 3’000 euros) car la Sardaigne protège désormais l’intégrité de ses côtes !

Au dernier jour, nous irons enfin découvrir, toujours à pied, ALGHERO, une ville touristique s’il en est, plus catalane que sarde (les anciens parlent encore cette langue), visiter la cathédrale Sainte Marie en style néoclassique et gothique, nous nous promènerons sur les remparts des 16e et 17e, apercevrons le Capo Caccia et, du fait des vents tempétueux liés aux grandes marées de Mai, ne pourront hélas pas explorer la Grotte de Neptune ce jour-là ! Qu’à cela ne tienne, nous aurons le temps de déjeuner tranquillement sur le port, de faire les derniers achats avant de regagner PORTO TORRES et d’embarquer sur le ferry direction Gênes et la Suisse.

Pendant le trajet, les images de la Sardaigne se bousculent … un pays de 1’ 600 000 habitants pour trois millions de brebis (!), des côtes déchiquetées, des plages nacrées de blanc et rose, une mer émeraude, une île aux portes de la Méditerranée aux allures de carte postale que ce sont disputé les phéniciens, romains, arabes, génois, pisans et espagnols, une île aux fascinants vestiges archéologiques de la civilisation nuralgique, aux spectaculaires plateaux granitiques abritant les forêts de chêneslièges, une île au nombre de centenaires impressionnant – serait-ce dû au Cannonau, vin rouge corsé aux nombreux anti-oxydants ? – bref une île passionnante, où il faut revenir pour en découvrir les autres facettes !

Car-Tours propose fort heureusement un grand circuit et des randonnées au sein de cette terre si singulière, alors “Adiosu”, Sardinia!

Ghislaine Derrien

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